Elisabeth est sage-femme. Elle effectue des maraudes plusieurs fois par mois depuis un an avec l’Association pour la Développement de la Santé des Femmes (ADSF).
Durant les maraudes, avec deux autres bénévoles, nous nous rendons auprès de femmes et de familles qui n’ont pas accès aux soins (personnes de la communauté rom vivants en bidonville, femmes SDF, familles hébergées au 115). Nous évaluons leurs besoins et écoutons leurs demandes en matière de soins (RDV en médecine générale, en PMI pour le suivi des enfants et des femmes enceintes, chez le dentiste…) mais aussi d’ouverture de droits (demande et renouvellement d’Aide Médicale d’Etat, domiciliation). Les jours suivants, nous prenons les rendez-vous médicaux et les transmettons par la suite aux femmes, avec toutes les précisions utiles pour qu’elles puissent s’y rendre (plan de la ville, de l’hôpital,…).
J’aime beaucoup ces missions, rencontrer les personnes en situation d’extrême précarité me permet de dépasser les clichés et les préjugés relatés sans cesse par les médias et l’opinion publique. En tant que sage-femme, à l’hôpital, nous sommes souvent confrontées à des femmes qui ne font pas suivre leur grossesse ou leurs enfants… La démarche de l’«aller-vers» de la médiation sanitaire permet de faire le pont entre les personnes en situation d’exclusion et le système de soins de droits communs, censé être ouvert à tous.
Je vois ma vision du monde personnel et professionnel changer. Faire de l’humanitaire dans son propre pays soulève de nombreuses questions éthiques qu’il est important de se poser. Je n’accueille plus de la même manière les femmes migrantes ou roms quand je les reçois à l’hôpital, maintenant que je connais leur conditions de vie… Etre bénévole pour moi signifie mettre son égo, ses préjugés, ses certitudes et son confort de côté pour quelques heures pour donner de son temps et de son énergie et faire en sorte que le monde d’aujourd’hui soit un tout petit peu moins injuste. C’est refuser de se résigner.